Le baijiu Moutai connait une riche histoire millénaire toujours vivante de nos jours. Si de nombreux baijiu sont connus en Chine, le Moutai reste le plus réputé, et le meilleur.
Le grand historien chinois Sima Qian (145 av. JC – 86 av. J-C) rapporte dans son célèbre ouvrage Mémoires historiques (Shiji) qu’en 135 av. JC, Tang Meng magistrat du district de Poyang revenant du sud de l’Etat Yue ramena du Jujiang (une boisson spiritueuse ancêtre du Moutai) et l’offrit à l’empereur Wudi de la dynastie des Han qui régna de 141 à 87 av.J-C. L’empereur, après avoir goûté la boisson proclama que c’était «un succulent nectar». Dès lors, le Jujiang fût élevé au rang d’offrande impériale.
A l’époque de la dynastie Tang (618-907 ap. J-C) puis Song (960-1279), des techniques uniques de distillation des graines apparaissent dans la ville de Moutai (Province de Guizhou), marquant le début de l’ère des alcools distillés. C’est ainsi que la province de Guizhou devînt le berceau, puis la célèbre capitale des spiritueux chinois. La province fût reconnue dans tout le pays pour la qualité supérieure de ses produits, véritable hommage au prestige impérial.
Sous la dynastie Yuan (1271-1368), ainsi que sous la dynastie Ming (1368- 1644), la ville de Moutai crée, élabore et perfectionne la technique de fermentation dite « Huisha » donnant ainsi naissance aux arômes uniques du Moutai. Sous le célèbre règne de l’empereur Kangxi (contemporain de Louis XIV), « moutai chu » « moutai shao chu » et « huisha Moutai » devinrent les leaders du marché des spiritueux dans le sud-ouest de la Chine.
Quelques années plus tard, au cours de la 10ème année du règne de l’Empereur Qianlong (1745), Zhang Guangsi, gouverneur de la province de Guizhou, décida de draguer la rivière Chishui qui alimente la région, ce qui a permis à la ville de Maotai de devenir un port important dans le nord de la province. Un siècle plus tard, durant la 3ème année du règne de Guangxu (1877), le gouverneur de la province de Sichuan, qui portait le nom de Ding Baozhen, prit la décision de draguer à nouveau la rivière Chishui, ce qui fît de Maotai l’un des quatre ports les plus importants pour le transport du sel entre le Sichuan et le Guizhou. Ainsi de nombreux marchands s’établirent à Maotai, faisant de l’endroit une ville prospère où, selon l’adage, « toutes les familles stockaient et vendaient du baijiu et tous les bateaux transportaient du sel. « Ainsi pendant le règne de l’Empereur Jiaqing de la dynastie des Qing (1796-1820) puis de celui de son fils Daoguang (1850-1850), on dénombre « au moins 20 distilleries à Maotai, qui utilisent 1200 tonnes de grains pour fabriquer de l’alcool » . Dans son poème intitulé Village de Maotai, le grand savant de la période Qing, Zhang Zhen, déclama : « Les meilleurs alcools du Guizhou sont élaborés à Maotai, et tout le sel de Maotai est transporté sur la rivière Chishui » .
Au début du XXème siècle, en 1915, le baijiu Moutai fait parler de lui à l’occasion de l’Exposition Internationale de Panama-Pacifique qui se tient à San Francisco. Grâce à son arôme incomparable, Moutai remporte une médaille d’or au cours de cet évènement planétaire. Le monde découvre alors Moutai et lui reconnaît sa qualité unique. Cette reconnaissance internationale fait de Moutai, un
alcool à la fois apprécié par les Chinois et les étrangers.
En 2015, Moutai remporte la Grande Médaille d’Or lors du Concours Mondial de Bruxelles – Spirits Sélection, la plus grande compétition de spiritueux au monde, parmi plus de 1500 entrants. Cette récompense n’est attribuée qu’à 1% des produits.
A partir des années 1950, sous l’impulsion du gouvernement de la province de Guizhou, les trois plus grands ateliers producteurs de baijiu Moutai fusionnent et deviennent le groupe Kweichow Moutai. Au même moment, le gouvernement chinois décide de protéger sa boisson nationale ainsi que son environnement. Moutai est ainsi le plus ancien alcool chinois d’appellation d’origine protégée (AOP) !